Quentin et moi l’avons fait dans des conditions un peu extrêmes. Même si je faisait du vélo régulièrement (et je ne dépasse jamais les 30km, ce qui n’arrive pas plus d’une fois par mois), nous nous sommes vite rendus compte que le choix de notre matériel était un peu optimiste… Devinez avec quoi nous sommes partis? Lui avec un VTT léger, avec les vitesses, les freins à disques etc. MAIS en trimballant derrière lui tout le long des 430km une carriole remplie de nos affaires qui ne pesait pas moins d’une quarantaine de kilos… Et moi je ne pouvais même pas l’aider, comme j’avais pris mon vélo de route sans vitesse (Single Speed). Et quand je dis toutes les affaires, je parle de la tente, duvet, oreillers et tout le nécessaire de camping. On est aventuriers ou on ne l’est pas ;). Je vous entend d’ici dire que nous sommes totalement fous, et qu’on n’a pas réfléchi avant de partir. Et vous n’avez pas complètement tort ! Mais le côté (très) positif de ce faux départ, c’est qu’on a su se dépasser (et croyez-moi qu’il y a des fois où l’on pensait ça impossible), et que nous sommes arrivées à Londres vraiment super fiers de nous. Pour vous dire, on est arrivés en début de soirée, et il nous restait encore des forces pour faire la fête le soir même et les 5 autres soirs où nous sommes restés ! C’est qu’il nous restait encore pas mal d’énergie. La preuve que tout est possible ! Maintenant, il est temps que je vous en dise un peu plus.
Vous n’êtes pas sans savoir que l’avenue verte est une piste cyclable (verte) ouverte à tous, tout le long de l’année, et qui relie Paris à Londres ? Nous nous sommes donc lancés dans cette aventure, mais pas à l’aveuglette. On avait déjà regardé un peu les témoignages, en trichant un peu en regardant les paysages qu’on allait croiser à l’avance (oui, parce que si c’est pour rouler en bord de national tout le long, ça ne valait pas le coup). Et croyez-moi, on a redécouvert le nord de la France et complètement découvert le Sud de l’Angleterre ! Imaginez des champs à perte de vue, ou des petits passages traversant la forêt, avec quelques percées de lumière du soleil. En Angleterre, nous avons traversé des petites villes avec des maisons en briques rouges typiques de l’Angleterre. Et, ce n’est pas pour aggraver le stéréotype, mais il a plus 80% du temps de notre route en Angleterre.
La seule chose qu’on avait prévu était le matériel pour dormir, pour réchauffer nos plats, et quelques petites conserves pour 2 ou 3 repas. On s’est dit que pour le reste, on trouverait en chemin car on ne voulait pas se charger plus que ce qu’on était déjà. Et finalement, tous ces petits traquas ont rendu l’aventure encore plus excitante que si on n’avait tout planifier !
Nous avons fait le trajet de Paris à Londres en 6 jours. Le premier jour à Paris est bien évidemment le moins dépaysant, mais sachez que vous pouvez rejoindre l’avenue verte à n’importe quel endroit ! On ne dira rien si vous grillez l’étape Paris, promis. C’est vrai qu’il y a plus agréable que de pédaler dans la pollution en bord de route …
Jour 1
Le premier jour était ensoleillé (ah oui, on l’a fait cet été au fait 🙂 ), et on a réussi à aller de Paris à Cergy, où on a planté notre tente sous un arbre à côté d’un parc en cachant les vélos attachés avec 3 cadenas. Comme on avait du bon matériel de camping, on s’est réveillés comme des fleurs au bord d’un lac, puis on a fait notre petit dej pour repartir de plus belle mais cette fois-ci toute la journée. On s’était fixé comme objectif 70km par jour, mais on s’est rendus compte après le premier jour qu’encore une fois on était très optimistes. C’est pas grave, on a tout notre temps pour arriver à Londres ! Donc on prend notre temps. Avec le chargement que nous avions et mon vélo qui n’avait pas de vitesses, on a pas réussi à faire plus de 40 km par jour. Mais avec des vélos à vitesse équipés de porte bagages avec du matériel de camping léger ou en décidant de rouler de chambre d’hôtes en chambres d’hôtes, les 70km par jour sont largement faisables !
Jour 2
Le deuxième jour était un peu dur, on subissait un peu les courbatures de la veille… Mais on a continué, avec un moral d’acier (l’élément essentiel dans ce genre d’aventure). C’est parti pour la deuxième étape ! On avait pour objectif Gisors, mais on s’est arrêtés une trentaine de kilomètres avant, à Aincourt, épuisés. Étant donné le paysage, qui n’était que forêt et champs, je n’était pas rassurée à l’idée de faire du camping sauvage (oui, ma folie a des limites, ouf :D). Nous avons donc demandé à l’office de tourisme, à plusieurs passants et à quelques gîtes ruraux complets de nous indiquer où nous pouvions trouver une chambre d’hôtes. Après plusieurs recherches infructueuses, nous avons finalement fini par trouver un gîte de France. Et croyez-moi, on aurait pas pu mieux tomber… Au vu de notre épuisement général, les hôtes ont été adorables. Ils nous ont traité comme leurs propres enfants : on a eu le droit à un somptueux dîner composé d’une entrée et d’un excellent plat de pâtes au pesto. Et tout ça n’était pas compris dans le prix ! Après avoir repris quelques forces, il nous en restait assez pour aller prendre une douche dans une salle de bain gigantesque et bien chauffée. Et je crois que je me souviendrais toute ma vie de cette sensation, après 2 jours de vélo et une nuit en tente, avec des muscles endoloris et un niveau de fatigue vraiment avancé : prendre une douche chaude. Vous connaissez une meilleure sensation? A part celle de manger après avoir eu faim pendant des heures? Nous, non ! Après avoir passer la nuit dans un matelas orthopédique, nous nous sommes réveillés avec la barre d’énergie chargée au maximum. Franchement, si vous devez vous arrêter quelque part le long de votre rite, n’hésitez vraiment plus une seconde, je vous recommande chaudement ce gite. LIEN. Un petit dej du tonnerre, et de gros encouragements de la part de nos hôtes, il ne nous fallait rien de plus ! On a même eu droit a un pic nic préparé avec amour par Laure, pour le midi. D’ailleurs, ce midi là, nous nous sommes arrêtés dans la cour d’un hôtel de luxe où un LOCAL VELO était à notre disposition. Il faisait beau, chaud, et on avait en prime le bruit du petit ruisseau passant sous un beau pont en bois.
Jour 3
Nous avons fait, durant ce troisième jour, les petits 40km nous séparant de Gisors. Comme il nous restait un peu de budget, on a décidé de réserver de dernière minute un Airbnb. Et on a vraiment bien fait, encore une fois ! Pile sur le chemin de l’avenue verte, Lucian nous a accueillis dans sa maison atypique avec une vue incroyable sur les vallons (ceux qu’on maudissait quelques heures plus tôt, à cause de la difficulté à pédaler dessus). Après un bon barbecue entourés de ses petits chatons et ses deux dalmatiens avec la vue sur les vallons et la télé amenée jusque dans le jardin, on s’est couchés. Et le jour suivant, on a fait quelque chose qu’on n’aurait pas du faire…
Jour 4
On a pris le train. Et oui, on a grugé 60km… Mais chut, c’est la faute de la carriole, sinon on l’aurait fait sans problèmes en vélo (c’est ce qu’on se dit pour se rassurer un peu sur nos capacités). On est donc arrivés à 40 petits kilomètres de Dieppe, qui étaient d’un plat déconcertant après les deux jours de vallées que nous avions eu. Nous en sommes donc à 130km effectués, et 335 km nous séparent de Londres (dont 120km de Ferry). D’ailleurs, en chemin, on a croisé deux personnes assez atypiques, regardez :
Après les 4h de Ferry, nous sommes arrivés à Newheaven. D’ailleurs, vous saviez qu’un ferry tel que celui que nous avons pris avait une vitesse en moyenne de 37km/h, avec une vitesse de pointe de 65km/h? Une petite anecdote, j’avais enregistré notre trajet par curiosité ! Bref, on est en Angleterre et on on y croit à peine… Ça y’est, on est allés jusqu’en Angleterre en vélo, regonflés à bloc, et prêts à soulever des montagnes ! Ayant mis pieds à terre à 21h45 (heure anglaise), il nous fallait vite trouver un endroit où poser la tente. On a rouler, jusqu’à tomber sur un endroit qui nous semblait confortable. Par chance, 6km plus loin, nous sommes tombés sur un camping, où il y avait toujours quelqu’un vers 23h30. Il nous a chaleureusement invité à planter notre tente en nous montrant un emplacement. Très accueillant, le propriétaire nous a souhaité bon courage, avec un large sourire empli de compassion et nous a laissé repartir sans nous faire payer. Nous sommes repassés au retour lui laisser un petit souvenir de Londres !
Jour 5
On pensait que nous avions fait le plus difficile, mais c’était vraiment penser trop vite… De beaux vallons (environ 600 mètres de dénivelé sur la distance qui nous séparait encore de Londres, soit 215km) nous attendaient sagement pour nous faire transpirer à chaudes gouttes. Encore une fois, le passage de Newhaven à Heathfield nous a un peu traumatiser les muscles. Avec en plus la pluie qui nous congelait, notre condition physique était loin d’être au top à la fin de la journée. C’était même la journée la plus dure… Après 37,5km en plus de 3h, on a encore préférer céder à l’appel d’un lit confortable. On a avancé, en demandant aux personnes passant, comme d’habitude, s’ils connaissaient un coin où dormir. On a indiqué un hôtel Bed & Breakfast. Il était cher (nous avons payé 120 euros pour deux la nuit avec petit dej compris), mais nous étions servis comme des rois. LIEN (IWOOD B&B)
Jour 6
Nous voilà sur la dernière journée avant d’arriver au grandiose Londres ! On était surexcités comme des enfants avant Noël. Ce qui nous a donné pas mal de forces. Alors on a roulé presque 60km ce jour là ! Nous avons croisé une petite gare à 20 kilomètres de Londres. Les forces nous manquaient vraiment, alors on a préféré arriver à Londres pas trop tard pour pouvoir prendre possession de notre chambre à l’auberge de jeunesse (Hostel) Phoenix dans le Westminster assez rapidement.
On ne regrette vraiment pas d’avoir utilisé deux fois un petit coup de pouce (pour un total d’environ 90km… sur 520.) Si on compte les kilomètres réellement faits, nous en sommes donc à 310 sur 6 jours avec une carriole d’environ 25kg et un vélo sans vitesses. Plutôt pas mal pour une première de ce genre non?
1 GPB = 0,87 €
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Les indispensables
- Prévoir plusieurs chambres à air. Par chance, nous n’avons pas crevé une seule fois (ce qui nous a plutôt choqué), mais vous ne trouverez pas de magasin à tous les coins de rue, loin de là. Et quand vous serez fatigué, vous n’aurez pas envie de vous rajouter une dizaine de kilomètres pour aller en chercher un.
- Prévoir également les pompes pour les pneus, et les regonfler tous les matins ! En effet, si vous faîtes environ 70km par jour, les pneus vont un peu souffrir …
- Prévoir beaucoup d’eau, soit dans un sac à dos soit en gourde selon ce que vous préférez. Nous avions toujours des gourdes de 500ml pour ne pas nous encombrer de poids et allions demander dans des bars, restaurants ou écoles quand nous avions besoin. Ils nous les remplissaient vraiment sans problèmes, au contraire. Mais quand vous voyez que vous commencez à vous enfoncer un peu dans la campagne, prévoyez un peu de réserves …
- Avoir toujours une barre protéinée (ou mieux : une banane) sous le coude. J’y croyais pas au début, mais ça redonne vraiment des forces, et quand on n’a pas le choix de continuer malgré l’épuisement, ça sauve la vie …
- Un K-Way. Oui, ce n’est pas un cliché. Il pleut vraiment sans prévenir à Londres … Et si on avait eu un k-way, on aurait peut-être eu plus de courage… Car fatigués et trempés jusqu’aux os, c’est vraiment pas le bon mélange pour garder force et honneur …
- Un chargeur portable puissant pour les téléphones, capable de le recharger plusieurs fois, si vous utilisez ce dernier pour vos tracés GPS, pour enregistrer votre vitesse et vos déplacements, etc. Bien-sûr, un Carmin est idéal 😉
Carnet de voyages
- Le meilleur moment pour faire l’avenue verte selon nous est à la fin du mois d’août. Il ne fait ni trop chaud dans le Nord de la France et en Angleterre, ni trop froid (et encore, quand il pleut, on regrette vraiment le soleil). Si vous ne craignez ni le chaud ni le froid, vous pouvez la faire à n’importe quel moment
- Vous pouvez choisir de passer par la vallée de l’Epte (406km) ou par la vallée de l’Oise (472km). Nous sommes passé par la vallée de l’Epte, et nous avons vraiment aimé le calme et la plénitude tout le long.
- Vous pourrez voir la Seine impressionniste à Paris, longer les bords de l’Oise en vélo (c’est vraiment magnifique), aller voir de magnifiques châteaux, faire des dégustations en Normandie, à Dieppe, ou même en Angleterre… Vous ne manquerez pas d’activités, que vous pourrez découvrir selon votre itinéraire en cliquant sur la carte juste au-dessus.
Informations pratiques
- Pour le ferry, mieux vaut le réserver en avance. Si vous ne connaissez pas vos capacités et que vous n’êtes êtes sûr(e)s de vous, vous pouvez prendre un horaire éloigné dans la journée de votre arrivée à Dieppe. Ne vous inquiétez pas, vous aurez de quoi vous occuper là-bas, c’est vraiment magnifique !
- Les applications INDISPENSABLES que vous devez ABSOLUMENT télécharger avant de partir sont : View Ranger (vous pouvez rentrer à l’avance votre tracé GPS point par point ou télécharger le fichier GPS officiel de l’avenue verte ici) et Strada, qui vous permettra de connaître votre vitesse moyenne, le nombre de kilomètres parcourus et de garder tout ça en mémoire en le partageant avec votre communauté. En plus, si vous vous abonnez à Cycling Heroes, vos kilomètres se transforment en cadeau ou en don pour des associations de votre choix !
- Les hôtels, airbnb et gîtes qui ont croisé notre chemin et qui nous ont marqué : La forge des bucailles à Aincourt, qui est sur la route de l’avenue verte (Gîte de France). Lucian, à Gisors, qui reçoit aussi beaucoup de cyclistes et qui voudrait faire l’avenue verte un jour avec ses potes (airbnb). L’auberge de jeunesse Phoenix dans le Westminster à Londres, ou si vous avez envie de faire un peu la fête, une auberge de jeunesse à Shoreditch assez incroyable et hors du temps : le dictionnary
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1 commentaire
Bonjour, merci pour votre joli article !
Est-ce qu’il serait possible d’avoir le nom du camping anglais proche de Newhaven ? je prévois de faire ce même périple en mai. Encore merci 😉