La vie en van est remplie de défis, de difficultés et d’impasses. Quand on en était encore au stade de rêve, et qu’on imaginait la vie en van comme sur Instagram et pas autrement, on s’est lancé pour avoir accès à de grands espaces avec notre maison, pour être libres, pour pouvoir emmener notre maison partout avec nous, pour changer de jardin tous les jours, etc. Aujourd’hui, si on continue, c’est pour les mêmes raisons. Mais un peu moins idéalisées. En effet, on a eu le plaisir de rencontrer les mauvais côtés, et pas qu’un peu ????. Aujourd’hui, la question serait plutôt « pourquoi on continue ? ». Après 5 ans en fourgon, notre envie de tout brûler (ou, plus raisonnablement, de tout revendre), est de plus en plus fréquente. Mais les bons côtés de cette vie nous permettent de nous y accrocher. Et à chaque fois, après un gros bas, qu’un énorme haut arrive, on se rappelle pourquoi on choisit de continuer de vivre cette vie-là. On vous raconte ? Attention, cet article aborde tous les bons côtés de la vie en van, mais aussi le revers de la médaille !
La liberté des grands espaces
La liberté des grands espaces et des spots natures est sûrement la raison première qui nous a poussé à nous lancer. En même temps, on a commencé notre vie en van par la Croatie et la Norvège. De quoi confirmer nos à priori sur la liberté que pouvait apporter ce mode de vie : un nouveau jardin tous les jours, sans que personne nous embête, le rêve !
Aujourd’hui, on continue la vie en van pour cette raison : on peut partir avec notre maison entière sur n’importe où dans le monde (quasiment), et on peut choisir notre jardin chaque jour. Si on veut être à un endroit précis en gardant avec nous le confort de notre maison sans se prendre la tête sur la préparation d’une valise, on peut ! On tourne la clé et hop, on y va !
Le revers de la médaille : aujourd’hui, la réalité est un peu différente. Les barrières de hauteur et les interdictions qui fleurissent en France et en Europe restreignent un peu la liberté que nous avons avec nos fourgons. Difficile de dormir sur nos deux oreilles quand on se demande si le spot n’est pas interdit, ou si on ne va pas se prendre une amende. De notre côté, nous avons décidé d’accepter la situation (est-ce qu’on a le choix de toutes manières ?) et de s’y adapter.
Nous voyageons donc presque exclusivement en hors saison si on veut se faire un Road Trip nature. L’été, on accepte d’être parqués avec les autres fourgons et camping-cars sur des aires quand on part dans les Landes. Nous avons tous les services, et on est installés en sécurité au bord des dunes qui donnent sur l’océan dans la ville dont on est amoureux. Je ne vois pas pourquoi on se plaindrait ! On pourrait se plaindre du prix, oui, mais la sécurité apportée par ce genre d’endroits, le bon emplacement et les services proposés sont quand même confortables, on ne va pas se le cacher.
La gestion des ressources
Ce n’est pas l’une des raisons principales pour laquelle la vie en van était devenue une obsession pour moi avant d’acheter mon premier fourgon, mais c’est devenu une raison de continuer la vie en van. En effet, la gestion des ressources (eau, gaz et électricité) en fourgon est beaucoup plus simple que dans une maison. En tout cas, ça l’est pour nous. On fait en effet beaucoup plus attention quand on sait que remplir l’eau nous demande de sortir, de marcher 300 mètres et d’attendre 15 minutes que la cuve se remplisse. Étant donné que c’est une contrainte, on essaye de maintenir la consommation au minimum pour avoir besoin de remplir le moins possible >> « Quoi ?? Ce ne sont pas vos motivations écolos qui vous poussent à économiser l’eau ? Vous me décevez ». Je vais pousser le vice : vous saviez que je ne prends pas l’avion parce que j’ai super peur, et pas parce que j’en ai quelque chose à faire de notre planète ? ????????. Je vous embête.
Bien sûr que gérer nos ressources est une priorité écologique pour nous. C’est pour ça qu’on aime vivre en van : la gestion est beaucoup plus simple quand le chauffe-eau ne fait que 10L et que l’eau de la douche devient froide au bout de 3 minutes que quand l’eau à la température parfaite coule à flots à l’infini. Je vous avoue que, quand je retourne en maison, ma conscience écolo part avec l’eau de la douche dans les tuyaux et je reste 15 minutes sous l’eau bouillante… Je déculpabilise, comme je le fais maximum 10 fois par an. ????
Bon, je m’égare. Ce que j’essaye de vous dire, c’est que l’autonomie quasiment totale en électricité que nous avons et la gestion des ressources simplifiée par l’accès « compliqué » à ces dernières nous aide à être en accord total avec nos valeurs écologiques. En maison, ce serait plus difficile à gérer. Je le sais. Je me dirais beaucoup plus souvent que ce que j’imagine « Allez, juste cette fois », sans m’en rendre compte.
Le revers de la médaille : le revers de la médaille (s’il s’avère que vous considérez l’accès limité aux ressources comme une médaille, vous aussi) est que la gestion de l’eau et du gaz demande du temps de gestion chaque semaine, que l’on n’aurait pas si on vivait dans une maison normale. Remplir l’eau, vider les toilettes et aller échanger la bouteille de gaz à l’épicerie du coin nous rajoute 1h de logistique en moyenne par semaine. 1h, de nos jours, c’est tellement précieux que cela pourrait en rebuter certains. Personnellement, je ne m’en rends même plus compte. Cela me force à être dehors, à prendre une pause, à ralentir.
Avoir notre maison avec nous, où qu’on soit
Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais je n’ai jamais eu l’âme d’une grande voyageuse. J’aime beaucoup passer du temps dans mon intérieur, me construire un petit cocon à la fois joli et pratique, et en profiter plusieurs heures par jour. Je me sens un peu stressée et dépassée dès que je sais que je vais passer plusieurs jours dans un endroit inconnu. Prendre mes marques me demande beaucoup d’énergie, la plupart du temps. C’est pour ça que, souvent, quand je vais voir des amis plusieurs jours, j’y vais avec la maison ! Je n’arrive pas à créer le concept de « ma maison peut-être partout tant que j’ai des gens que j’aime et quelques objets repères ». Mon objet repère à moi, c’est mon van ????. Mais il ne vaut rien sans des gens que j’aime. Je me sens à la maison si j’ai les deux (et parfois pendant des road trip seule aussi). BREF, je m’égare encore !
Quand j’ai découvert le concept de voyager avec sa maison et de pouvoir l’emmener partout avec moi d’un seul coup de clé, c’est devenu une obsession pour moi : je VEUX m’acheter un fourgon et parcourir le monde avec ! Confronter l’insécurité de l’inconnu avec la sécurité de mon cocon à mes côtés, c’est un concept que j’ai tout de suite adoré. Et quand je me suis arrêtée sur mon tout premier spot avec mon tout premier van (qui était une location), j’ai ressenti une telle sérénité que je me suis dit : « j’en aurais un à moi, c’est sûr ! ». Vivre et voyager en van est donc devenu une évidence pour moi. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à conceptualiser la vie dans une maison avec un fourgon que j’utilise de temps en temps. Mais ça viendra !
Le revers de la médaille : en voyageant avec sa maison partout dans le monde, il peut parfois être difficile de lutter contre la « pantouflardise » (ou la flemme) si on a des tendances comme ça. Personnellement, j’aime beaucoup passer du temps chez moi. Mais j’adore aussi les activités extérieures. Je suis capable de passer ma journée à aller surfer, puis faire du vélo, puis enchainer avec du cheval et finir par un grand repas avec des amis. J’adore ça. Mais la petite étincelle (le piezzo, pour les techniciens qui ont un peu d’humour) a de temps en temps du mal à se lancer. Je cherche parfois la petite motivation qu’il me faut pour sortir de mon chez-moi dans le matelas à mémoire de forme ou au fond des pages de mon livre passionnant, sans la trouver. Une fois que je suis dehors, je suis contente, mais la flemme prend parfois le dessus. Quand on est dans une auberge de jeunesse dans une grande ville, on va plus facilement se motiver pour aller passer la journée dehors. Quand on a son matelas à mémoire de forme et qu’il fait -5 degrés dehors, on peut vite avoir tendance à se laisser happer par le confort et à ne sortir le bout du nez dehors que 30 minutes ou 1 heure, histoire de promener vite fait le chien (oui, parce qu’en van, c’est impossible de ne pas sortir DU TOUT. On devient fou).
Voyager de manière économique
Je vais faire courte et concise pour cet argument : c’est FAUX ! Oubliez ????. Au début, je me disais que le voyage en van coûtait moins cher que de cumuler le prix des moyens de transport, des auberges ou des hôtels et de la nourriture à se payer à l’extérieur matin, midi et soir. Alors oui, sur le coup, le voyage coûte moins cher. Et encore, pas dans tous les pays. Mais si vous partez en Ecosse en van, vous paierez sûrement moins cher l’essence + le trajet + la nourriture que vous pourrez faire dans votre propre cuisine que le ou les trains + la nourriture à emporter 3 fois par jour + l’hébergement.
Tous ces coûts sont malheureusement très vite rattrapés, et souvent dépassés, par le prix de l’assurance, des entretiens annuels, des pannes, sans compter l’essence qui est à un prix exorbitant en ce moment. Vous allez sûrement aussi devoir payer de temps en temps les pleins d’eau, des campings dans les zones interdites en fonction de la saison et du lieu dans lequel vous voyagez.
Un voyage en fourgon n’est donc vraiment pas plus économique qu’une autre manière de voyager. D’autant qu’une grosse partie des dépenses est imprévue. Vous pouvez très bien ne pas tomber en panne pendant votre road trip en Europe d’un an, ou avoir un embrayage et une boîte de vitesse qui lâchent en même temps (au hasard, l’exemple ????). On ne sait jamais à quelle sauce on va être mangés au niveau des pannes du fourgon.
Partager des moments avec d’autres vanlifers
Au début, on s’imaginait déjà la vanlife comme une grande famille. Puis, rien. Où sont les vanlifers ? Pourquoi on est toujours seuls sur la route, Pf et moi face à notre bouteille de vin (et face à un superbe paysage, quand même, ne gâchons pas le panorama parfait). Dans les premières années, on croisait quelques personnes qui vivaient comme nous de temps en temps sur la route, complètement au hasard ou grâce à Instagram. On partageait un apéro ou une soirée avec eux, on se sentait en famille, et chacun retraçait sa route. Il est difficile de garder le contact quand on voyage tous aux quatre coins de l’Europe !
Par la suite, le Covid et le Vanlifest ont changé pas mal de choses. Nous avons commencé à rencontrer de plus en plus de personnes, à prévoir des petits voyages avec quelques amis, qui sont devenus une vraie famille. La famille s’est agrandie au fil des années, et nous passons maintenant plusieurs fois par an plusieurs jours ou semaines avec des vanlifers qui sont devenus de véritables amis.
On partage avec eux les mêmes valeurs, les mêmes galères, les mêmes questionnements et les mêmes remises en question. Quand on passe du temps avec des amis qui vivent ou voyagent en van depuis quelque temps, on se reconnait tout de suite et le contact est proche, authentique et profond très rapidement. Ce qui fait que ce sont des relations qui deviennent très rapidement importantes et précieuses.
Cet argument constitue une très grosse partie de la réponse quand on nous demande pourquoi on continue à vivre en van même si c’est dur !
Le revers de la médaille : l’une des valeurs partagées avec ces amis de la route est que l’on tient tous à nos libertés. Se projeter est parfois difficile, et on aime tous se laisser la liberté de pouvoir parcourir les routes plusieurs mois dans l’année sans forcément savoir où. Il est donc parfois difficile de réussir à tous se réunir. On y arrive de mieux en mieux, car on voyage tous aujourd’hui plus ou moins aux mêmes périodes.