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Home Vanlife : mode d'emploiRéflexions La vraie difficulté du minimalisme en van

La vraie difficulté du minimalisme en van

by Luce
VIE EN VAN - MINIMALISME
10 min de lecture

En 2018, je vous rédigeais 3 articles sur le minimalisme en van. L’un des trois parlait d’une méthode pour se débarrasser du superflu en moins d’un mois. Une méthode qui proposait de faire le tri de toutes ses affaires en les classant. Je la trouve toujours très efficace. Mais aujourd’hui, 4 ans après l’avoir écrit, je trouve qu’elle ne permet que de faire un premier tri. Et qu’elle ne permet pas de faire un tri en profondeur, et de réussir à faire du minimalisme un véritable mode de vie de tous les jours. Pour rappel, la définition même du minimalisme est de ne réussir à vivre qu’avec l’essentiel. Rien de superflu. Avec ces années de recul, je trouve qu’il est difficile de mettre en place un véritable minimalisme en une seule fois. Selon moi, ça prend du temps. Je vous explique pourquoi dans cet article. Comme tous les articles de ce blog, je raconte ici ma propre expérience et vous partage mon avis personnel.

L'académie du fourgon aménagé

Mon chemin vers le minimalisme


Quand je suis partie de mon appart d’étudiante pour vivre la grande vie sur les routes, j’avais des placards remplis à craquer, et une cave dans laquelle on ne pouvait pas faire un pas devant l’autre. Le jour où j’ai décidé de partir, je ne savais pas par où commencer le tri. J’ai donc pris la décision d’en faire un peu tous les jours, en établissant un calendrier : d’abord les vêtements, puis la salle de bain, les produits ménagers, etc. Après chaque journée de réalisée, je me sentais fière. Je pensais qu’enfin, j’avais fait le tri de toute une vie. Et que je ne pourrais pas faire moins.

Minimalisme en fourgon
En plein tri dans l’un des endroits où l’on entreposait des affaires


Je suis donc allée déposer mes 15 énormes cartons dans le grenier de ma grand-mère. Ils représentaient toutes les choses dont je ne pourrais jamais me débarrasser, persuadée qu’ils me serviraient plus tard. Mais je ne pouvais pas les emmener en van. Après avoir déposé les trois quarts de ma vie d’avant, je suis repartie en pensant ne revoir tous ces cartons que quand j’aurai une maison.

Quelques mois plus tard, j’ai dû revenir chercher des petites babioles. Plusieurs fois, à plusieurs mois d’écart. N’étant pas quelqu’un de très organisée, je devais à chaque fois fouiller dans 3 ou 4 cartons avant de trouver ce que je voulais. Et à chaque fois, je finissais par me faire avoir . Je venais pour chercher quelque chose de bien précis, et je finissais par rouvrir tous les cartons et à faire un énorme tri. Je ne compte pas les fois où je suis retombée sur des affaires en me demandant pourquoi j’avais gardé ça.

Plusieurs années de suite, j’ai donc continué ce tri au hasard des passages chez ma grand-mère. Je me contentais souvent de donner ou de vendre une ou deux babioles. Mais je ne touchais jamais aux fringues du collège qui ne m’allaient plus, aux livres, etc. Je me souviens m’être sentie découragée plus d’une fois. J’avais l’impression que j’avais beau trier, je n’arrivais pas à me débarrasser des choses réellement inutiles. Psychologiquement, ça bloquait. J’avais l’impression que jeter mes fringues du collège ou du lycée, c’était comme oublier et tirer un trait sur l’une des meilleures parties de ma vie.

Puis, il y a quelques semaines, j’ai eu un déclic. J’ai réuni toutes ces choses dont je n’arrivais pas à me débarrasser (fringues de lycée, de collège, babioles « au cas où », etc.). Et j’ai tout mis en vente ou donné. Cela m’aurait demandé des efforts considérables avant. Ce jour-là, on ne sait pas pourquoi, j’ai réussi à le faire sans aucune émotion.

Se débarrasser du superflu pour avancer


Après ce déclic, j’ai réussi comprendre pourquoi il m’était si difficile de me débarrasser de choses qui ne me resserviront jamais plus. Je m’en suis séparée il y a quelques semaines, au moment même où j’acceptais enfin de prendre ma place de femme et d’adulte auprès de mon entourage. Et j’ai compris que j’arrivais enfin à me débarrasser de ces affaires, car j’acceptais d’avancer pour de vrai.

Je me suis également rendue compte que je me suis détachée, pour de vrai, des projections qu’on a faites sur moi, mais aussi de mon passé. Avant de partir en fourgon, je rêvais de me marier, de vivre dans une maison de banlieue et de manger le goûter avec les mamans après la sortie de l’école des enfants. Mais ce n’étaient pas mes rêves. Mes pulsions profondes m’ont amenées vers une vie de bohème, en total décalage avec ce que je pensais être mes aspirations de vie.

Ces premières années sur la route, sans m’en rendre compte, je me disais que c’était pour un temps court. Que, dans quelques années, j’allais m’acheter une belle maison en banlieue. Une fois que cette lubie serait passée. Tout cela était réellement inconscient, j’arrive à le verbaliser seulement aujourd’hui.

Cuisine complète vue de loin intérieur
Notre premier van, Kirikou

5 ans après avoir tourné la clé dans mon premier fourgon, je vis avec Pf sur un terrain, avec mon cheval dans le jardin, des amis juste à côté et ma famille à quelques kilomètres. Nous avons mis beaucoup d’énergie à construire ce projet de vie. Nous avions en tête de rendre l’attente pour une maison plus agréable. Mais, une fois le projet terminé (en 2021), nous pensions déjà à l’après : cette fameuse maison.

Nous avons construit de nos mains un véritable petit cocon, à travers ces 3 fourgons et ce salon de jardin. Mais on se sentait encore happés par « l’après ». Alors, un jour, on s’est posés, on s’est regardés, et on s’est dit : « tu crois que quand on aura une maison, on sera pareils ? Insatisfaits ? Peut-être que quand on l’aura, on voudra un château. Et que quand on aura le château, on voudra une île. Puis un pays. C’est un puits sans fond, non ? ». Et là, déclic. Notre vie n’est pas après, elle est maintenant. Et notre vie, ce jour-ci, ce sont nos fourgons et leurs 9 m² chacun. On a créé ça de nos mains, on s’est donnés, on a réussi. Et maintenant, on va en profiter.

Toutes ces prises de conscience ont été ajoutées à la constatation que je n’utilisais JAMAIS les objets que je rangeais au fond du placard ou de la banquette « au cas où ». J’achetais « au cas où ». Résultat : à chaque tri, je devais jeter des denrées alimentaires ou naturelles que j’avais achetées pour faire des réserves ou pour fabriquer des produits naturels. J’ai donc pris conscience que j’arrivais très bien à vivre sans tout ça, étant donné que je n’allais jamais les chercher au fond du placard. Ça fait 5 ans qu’ils sont là « au cas où » et que je ne les utilise jamais.

Et c’est là que j’ai fait le plus gros tri de toute ma vie. Et sûrement le plus vrai. Ce n’était pas prévu. J’étais partie pour vendre 3 vêtements sur Vinted, et j’ai fini par me séparer de plusieurs kilos d’affaires. Sans regrets, sans émotions, sans peur. Et ça ne m’était jamais arrivé. Alors, je me suis laissé porter. Aujourd’hui, il me reste 4 meubles et 3 cartons. Les portes des placards et les tiroirs ferment sans forcer, et je me sens beaucoup mieux. Rien ne me manque. C’est la première fois, en 5 ans de tri, que je ne possède que l’essentiel, et que j’accepte de me débarrasser du « au cas où » pour de vrai. Mais, selon moi, cela ne vient pas du fait que je me suis détachée du matériel. Je suis encore attachée au matériel. Selon moi, cela vient plutôt du fait que j’ai réussi à me détacher de l’ancienne moi, du passé et des injonctions. Pour de vrai.

Lecteur vynile van
Moi qui faisais semblant de mettre un vinyle sur un lecteur que je n’utilisais JAMAIS. Bon, il est quand même resté dans Appollo, aujourd’hui

Accepter de vivre seulement avec l’essentiel est un chemin qu’on ne peut pas parcourir pour de vrai en quelques jours. Sauf si le déclic arrive en même temps que votre changement radical de vie. Ce qui n’a pas été mon cas.

À chacun son minimalisme


Chacun aura sa propre définition du minimalisme. Ma définition, c’est celle de pouvoir dire sans réfléchir ce qui se trouve dans mes placards et dans mes tiroirs. Qu’il y ait 5 ou 30 placards ne change pas grand-chose pour moi. Le plus important est qu’ils ne soient pas remplis de superflu, mais de choses essentielles.

Je continue de m’aider chaque jour des questions que j’avais écrites dans cet article sur le minimalisme. J’en ajouterais une aujourd’hui : « est-ce que tu aimes vraiment cette chose, ou est-ce que c’est l‘idée que tu t’en fais que tu aimes ? ». Par exemple, sur le fait de coudre, de sculpter du bois, etc.

Une personne qui vit en maison n’aura pas la même définition du minimalisme qu’une personne qui vit dans un fourgon. On peut remplir une maison avec minimalisme, mais les affaires qu’elle contient ne rentreraient pas dans un van. Cette quantité d’affaires serait donc superflue pour une vie sur la route. Tout est, selon moi, une question de point de vue.

Quel est votre définition du minimalisme à vous ?

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