Comme tous les ans, on vous fait une petite retrospective de tout ce qui a pu se passer dans la dernière année, aussi bien sur le plan « matériel », que sur le plan psychologique ! Et on vous met en première image notre traditionnelle Bucket List, qui nous suit depuis 2016. Et cette année, c’est la première fois qu’on l’agrandit un peu ! <3
Le point central de cette année : la remise en question
Finalement, on a un peu l’impression que c’est le point central depuis deux ans… Mais je crois que c’est le mode de vie dans lequel on a choisi de vivre qui veut ça. Comme je l’ai écrit dans l’un de mes articles précédents, je crois qu’à partir du moment où on a choisi de voyager de manière légère et de tout laisser derrière soit, quelque soit le moyen choisi, c’est le début de la fin. Le début d’un long chemin spirituel, et la fin des oeillères qu’on peut avoir dans un mode de vie plutôt classique. Quand on part, loin ou pas, qu’on découvre d’autres choses et qu’on est quotidiennement mis face à la gestion des ressources essentielles pour notre confort et notre vie (gaz, eau, etc.), on perd peu à peu ce sentiment de sécurité absolue que nous apportent les murs durs d’une maison. On apprend une définition différente du mot « foyer ».
Avec tous les scénarios d’effondrements dont on entend parler, on commence même à vraiment y penser, et à s’y préparer un peu. Inconsciemment sûrement. De nouvelles peurs apparaissent, mais qui restent rationnelles : on le sait. Nous pouvons vivre avec beaucoup moins que ce qu’on imagine. Oui, on peut vivre avec 200L d’eau une semaine, au lieu de 200L d’eau une journée seulement.
Tout ça nous fait vivre un peu dans l’urgence, nous en donne l’envie en tout cas. Mais quand on cherche la remise en question, on se rend compte que c’est justement tout le contraire qu’il faut faire. Il faut ralentir, prendre son temps, contempler. Travailler notre capacité d’adaptation, et arrêter de tout vouloir contrôler. Je me suis rendue compte que même dans la quête de moi-même, je cherchais à tout contrôler. Il fallait que je raye les livres de développement personnel de ma liste le plus rapidement possible, mais surtout que je n’oublie pas de reporter les passages les plus importants dans mon petit carnet, histoire de pouvoir m’y référer quand j’aurais besoin d’une leçon de vie (genre en plein milieu d’une énorme dispute qui te fait tout remettre en question, ou en plein milieu d’une soirée de déprime. En gros, les moments où t’as envie de tout, sauf d’aller relire ton carnet où t’as écrit des leçons de vie à la con). Je n’ai jamais ouvert ce carnet. Les seuls moments où je le relisais, c’était au moment où j’écrivais quelque chose dedans. J’ai fini par jeter ce carnet. Car le développement personnel, c’est bien, mais comme certains le savent, la retraite silencieuse que j’ai fait a changé toute ma perspective de la réalité. Il n’y a pas besoin de carnet, il faut juste s’écouter, contempler, respirer, et faire de son mieux.
Pour moi, cette année a fait valdinguer toutes mes croyances. J’ai pris le TGV de la case « contrôle ta vie pour aller mieux, et organise toi au maximum pour viser plus haut » à la case « laisse couler cocotte, donne toi à fond pour ce que t’aimes et pour ceux que t’aimes, mais surtout laisse couler. Et accepte. » J’ai pris une énorme claque, et je remercie juste la vie de m’avoir mise sur le chemin de cette retraite, qui m’a fait comprendre un tas de choses chouettes en seulement 10 jours. Alors je me suis dit, en sortant, « si en 10 jours, j’ai pu apprendre tout ça grâce à la contemplation et l’amour, qu’est-ce que ça pourrait être si je vis toute ma vie comme ça ! » Et là je me suis dit que ça pourrait donner lieu à de petits miracles bien sympathiques, si j’essayais.
La vie de couple
Oui. Le couple, l’amour et le vivre ensemble, c’est un travail de tous les jours. Et aujourd’hui, je relis le sourire aux lèvres l’article que j’avais écrit il y a presque un an (à quelques jours près) S’aimer sur les routes, la fragilité d’un rêve. Cet article, je l’avais écrit après notre minuscule tour d’Europe de 3 pays. Je l’avais écrit alors que je ne savais même pas encore, que quelques jours plus tard, on prendrait la décision de tout plaquer pour de vrai et pour de bon. On venait tout juste de rentrer. Nous n’avions même sûrement pas encore pris la décision de faire une deuxième version de Kirikou. C’est quelques semaines après que tout s’est accéléré, et que nous avons choisi de faire une version 2 de Kirikou, pour pouvoir être dans le fourgon tous les jours, contre vents et marées, qu’il neige ou qu’il vente. Et en fait, sans s’en rendre compte, nous sommes passés d’un mode « voyage » à un mode « vie à l’année » sans transition, sans pause. On s’est laissé embarqués dans le tourbillon sans avoir sorti la tête de l’eau pour prendre une bouffée d’air. On s’est lancés comme deux amoureux insouciants. Et on est tellement heureux, aujourd’hui, d’avoir pris cette décision !
Mais, finalement … Être tout le temps l’un sur l’autre, dans moins de 10m2 et dans un contexte tout autre que le voyage et l’émerveillement quotidien a eu raison de nous et nous a fait traversé des périodes extrêmement difficiles. Il y a eu des moments où on ne pouvait plus se supporter, où on s’exaspérait mutuellement. On s’aimait, mais la vie dans 5m2 commençait à nous faire détester les habitudes de l’autre. Le plus dur a été pour Pf, qui n’avait pas un seul moment seul dans le van. Il allait travailler la journée, et quand il revenait j’étais là. Il n’avait donc pas ses petits moments, et il n’arrivait pas à les prendre en allant dans la forêt, seul. Il était trop fatigué pour ça. C’est la retraite, en Novembre de cette année, qui nous a fait prendre le recul nécessaire. Qui nous a libéré. Qui a tout fait changé. La retraite et le fait d’avoir un van bien plus grand. On est tous les deux de grands indépendants à la base : on a besoin d’espace, besoin de se sentir libres de nos mouvements. Et rien que quelques petits mètres carrés en plus nous ont aidé à reprendre notre souffle.
Même si je n’ai pas un grand recul sur la situation, je suis aujourd’hui sûre d’une chose. Et j’espère ne pas me tromper en disant que cette année de travail dans un si petit espace, loin de nos familles et de nos habitudes, nous a éloigné un moment pour nous rapprocher encore plus. Aujourd’hui, on se comprend mieux, on connaît les désirs profonds de l’autre. Il y a encore des jours difficiles, des jours où on aimerait avoir une pièce chacun pour pouvoir regarder une série sans avoir besoin de mettre un casque. Mais on arrive à trouver notre équilibre. Moi, j’ai besoin de nature, et PF a besoin de musique. Alors, quand je pars marcher deux ou trois heures, PF en profite pour écouter sa musique, ou chanter, ou se défouler. Ce n’est pas la solution idéale, ça nous oblige à nous adapter l’un à l’autre, mais on y arrive. Ça va nécessiter encore beaucoup de travail, comme toute la remise en question évidente que ce mode de vie nous oblige à avoir. Rares sont ceux qui arrivent à avoir tout ça sans même faire d’efforts. Et rares sont ceux qui sont honnêtes quand ils disent vivre la vie de rêve dans un fourgon de 5m2. Ou alors, ceux qui le disent n’ont jamais passé deux hivers consécutifs dans leur petite maison roulante, à travailler sur l’ordinateur avec une absence de vie sociale !
L’absence de vie sociale en van
Quand je dis « absence »… Je ne dis pas qu’on est resté yeux dans les yeux toute l’année avec Pf. Bien-sûr, on a vu et rencontré du monde. Nos amis sont venus nous voir, on a passé du temps avec eux dés qu’on revenait dans le coin. Mais il n’y avait pas cette vie sociale trépidante de base du citadin. Vous savez, celle où quand vous avez subitement envie d’être entourés de tous vos potes, vous envoyez un SMS et quelques heures après ils sont là autour d’un bon apéro ? Ça n’existe pas, quand on a décidé de vivre loin de tout dans un véhicule. Et quand on a décidé de vivre loin de tout dans un appartement sur roues, on sort petit à petit du quotidien routinier de ceux qu’on aime. Et ça, ça a été vraiment très dur de l’accepter pour moi. C’est l’une des choses qui a été le plus difficile pour moi cette année : accepter que les choses changent, évoluent. Que certaines personnes aient tourné le dos. Mais une fois ce cap passé, cette acceptation faite, je me suis rendue compte de la force de l’amitié qui s’est créée avec ceux qui sont restés. Je me suis rendue compte que je courais après les mauvaises personnes depuis de trop nombreuses années. Et une fois tout ce merdier démêlé, une fois qu’on voit plus clair dans le bourbier des relations sociales sur lequel on n’avait jamais pris de recul, c’est comme une explosion. Une explosion de lumière. Que tu sois partie un an, deux ans, six mois ou trois jours, rien ne change avec les personnes qui sont restées. Tout est toujours aussi intense. On parle souvent de l’écart qui se creuse avec les personnes qui ne voyagent pas. Beaucoup des backpackers que je connais n’ont gardé aucun contact avec les personnes de leur vie d’avant, car l’écart qu’ils remarquaient à chaque fois qu’ils les revoyaient était tellement plus fort, qu’ils se retrouvaient à s’ennuyer. Mais moi je crois que l’écart ne vient pas de là. Il ne vient pas du fait que certaines personnes voyagent, et d’autres non. Il vient juste du degré d’ouverture d’esprit. De la capacité de chaque personne à s’ouvrir à l’autre, à comprendre. Et de la capacité à avoir des conversations profondes. Quelqu’un qui n’a pas beaucoup voyagé est tout à fait en mesure d’avoir des conversations ultra intéressantes. Et quelqu’un qui a parcouru trois fois le monde peut très bien être super ennuyeux…
Ce qu’on se dit …
Ce qu’on ne veut pas reproduire en 2020 :
- Travailler sans sortir la tête de l’eau
- Oublier que prendre du temps pour soi est plus important que n’importe quoi d’autre
- Laisser trop de place à des problèmes bien trop petits
- Laisser trop de place à des personnes ayant des comportements bien trop toxiques envers nous
Ce qu’on peut se souhaiter de meilleur à nous-mêmes pour 2020 :
- Des voyages auprès d’amis qui comptent beaucoup pour nous
- Que notre vie sociale prenne plus de place dans notre vie
- Continuer les pratiques qui font du bien au corps et à l’esprit : la marche, la méditation, le yoga, le surf, l’écriture, la lecture, la contemplation
- Pour moi, Luce, je voudrais me former à plusieurs techniques de bien-être. Mes objectifs changent !
- Pour Pf, réussir à profiter du voyage malgré les difficultés qui peuvent parfois apparaître. Accepter que tout ne peut pas être parfait.
- Saisir le nouveau départ qui s’est offert à nous avec le nouveau van et grâce à la retraite silencieuse
Et voilà pour le résumé de notre année, ce qui nous a marqué, ce qui nous a fait évoluer. Et sincèrement, je pense que 90% de toutes ces révélations viennent du mode de vie qu’on a choisi.
<3
8 commentaires
Merci pour vos articles pleins de sincérité, et merci de nous faire partager vos expériences, obstacles et réussites. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et d’épanouissement, mais je n’en doute pas car vous savez entrer en introspection et être objectifs sur vous-mêmes et c’est une merveilleuse qualité.
Bravo d’avoir suivi vos rêves, d’avoir su vous écouter et vous comprendre !
Plein de joie et de courage à vous deux !
Merci pour ce très gentil message Charlotte, ça nous touche beaucoup <3 Pour le moment, on essaie de faire au mieux et on touche du bois pour que ça continue comme ça encore longtemps 🙂
PS : vous êtes trop beaux sur la photo de couverture ! <3
Merci 🙂 <3
Trop heureuse de vous lire à nouveau ! C’est tellement rare de lire des articles comme ça aujourd’hui, c’est bien loin de ce que l’on voit sur Instagram mais bordel c’est tellement plus vrai, plus sincère, plus réel ! C’est vrai qu’on lit vraiment peu de choses sincères sur la vie de couple en camion, et bordel qu’est-ce que c’est difficile de s’accorder à deux dans si peu d’espace, de trouver sa place, d’avoir son espace. La vie en van met clairement le couple à rude épreuve, surtout quand c’est un mode de vie et non plus un voyage. Les deux sont d’ailleurs incomparables en terme d’expérience de vie…
Je suis heureuse de vous voir épanouir là-dedans, à votre rythme, et avec autant de sincérité. J’espère que vous arriverez à vous rééquilibrer à chaque fois qu’il le faudra, parce que c’est ça finalement, la clé ! Je vous aime, prenez soin de vous <3
<3 <3 <3 x 100
Merci de nous partager ces retours de vie !
Parfois, quand on voit des videos ou photos de vanlifers, on a l’impression que c’est le bonheur total tout les jours, que c’est l’illumination direct. En fait, le fourgon ne fait pas le bonheur, c’est un moyen d’y arriver et de se redecouvrir face à de nouveaux defis. Merci pour votre partage ! J’ai hate d’avoir mon van pour connaître tout ça 🙂
De rien ! Eh oui, la vie en van est aussi bosselée qu’une vie « normale ». En espérant une belle future vie en van pour vous 🙂