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Minimalisme : pourquoi accumuler m’a paralysé ?

by Le Van Migrateur
Minimalisme
7 min de lecture

Se débarrasser de mes affaires et vider mes placards est devenu ces derniers mois un besoin viscéral pour moi. C’est un besoin et une nécessité que je n’avais jamais ressentie auparavant. Car avant, je le faisais plutôt par obligation : je partais pour une vie en van, je n’avais plus réellement de véritable endroit à moi pour stocker mes affaires. J’étais donc obligée de faire le tri. Aujourd’hui, je veux le faire, parce que je ne me retrouve plus du tout dans l’idée d’accumuler des objets « au cas où ». C’est même devenu stressant pour moi d’avoir autant d’objets. Dans cet article, je vous raconte une autre étape de mon cheminement vers le minimalisme, que j’ai commencé à raconter dans cet article.

Avoir une tonne d’objets me rassurait, avant



Avant de ressentir la nécessité de me débarrasser de tout mon superflu pour de vrai, j’aimais l’idée d’avoir plein de livres, de formations, d’onglets ouverts, de listes de choses à acheter, etc. Je dépensais sans arrêt dans tous ces domaines des centaines d’euros par mois. Et devinez quoi ? Je n’utilisais même pas le cinquième de tout ça. Le temps me manquait, et l’énorme pile de choses qui m’attendait me décourageait. L’idée donc d’avoir tout ça à disposition « au cas où » me rassurait (le savoir à portée de main, l’idée de posséder qui calmait ma peur de manquer), mais l’idée de les avoir m’angoissait (charge mentale trop lourde à porter, peur de ne pas réussir à tout prendre si je dois un jour choisir en quelques minutes ce que j’emporte avec moi en cas de catastrophe). Bienvenue dans le paradoxe de l’accumulateur ????

Van aménagé appollo

C’est en constatant, au fil des années, que j’avais beau essayer de me motiver à utiliser ces objets et en ne le faisant jamais que je me suis rendue compte qu’il était réellement temps que je m’en débarrasse, et que je réfléchisse à plusieurs fois avant de faire un achat. Cette fameuse question « en as-tu vraiment besoin?« , associée à « aimes-tu vraiment ce que tu vas acheter, ou l’idée que tu t’en fais? » permettent aujourd’hui de contrôler mes plus grandes pulsions. Mais cela a été possible, pour moi, après plusieurs années de travail sur l’accumulation et de prise de conscience.

Comment l’accumulation m’a enfermée dans l’inaction



Un an après être partie en van, j’ai commencé à ressentir la peur de manquer sur la route. Au début, nous partions seulement quelques semaines. J’étais un peu stressée à l’idée d’oublier quelque chose dans ma « valise », mais c’était gérable. Puis, au fur et à mesure que nos périodes de voyage se prolongeaient, je commençais à ressentir le besoin d’emmener mes affaires d’été et d’hiver au cas où, mes aquarelles, mes peintures, ma machine à coudre, mon extracteur de jus, ma guitare, mon lecteur vinyle, et j’en passe. Et tout ça, dans un petit fourgon L2H2 ! Comment vous dire que chaque chose était tellement inaccessible, que je ne les utilisais jamais ????.

Fourgon aménagé le van migrateur

Mais j’avais tellement peur de manquer ! Ajouté à cela, nous avons choisi de vivre cette vie au moment où les théories d’effondrement étaient sur toutes les bouches. J’avais développé une grosse anxiété à ce propos, qui accentuait fortement ma peur de manquer. Je ressentais une véritable sensation d’urgence à me former sur des thèmes comme la permaculture, l’autonomie, mais aussi à avoir des affaires « au cas où » une catastrophe se produirait. Bon, la catastrophe n’est pas arrivée sous la forme qu’on attendait : c’est le covid qui a fait son apparition.

Je me suis donc retrouvée bloquée par le virus avec une quantité pas possible d’affaires, de formations à faire et de livres à lire. Et devinez quoi ? Je n’ai absolument rien fait, rien entamé. Comme d’habitude, je me suis mise à fond dans mon boulot (je l’aime tellement que j’ai du mal à faire la différence entre le moment où je travaille et le moment où je dois faire autre chose), et je n’ai eu le temps pour rien d’autre. Aujourd’hui, 3 ans plus tard, me voilà avec l’envie furieuse de me débarrasser de tout pour me soulager de cette pression. Et me ramener à des « choses à faire » avec une taille plus humaine : 2 formations au lieu de 18, 4 livres à lire au lieu de 65, etc.

Vie en van

Non, je ne saurai pas tout. Non, je n’aurais pas le savoir universel. Oui, comme tout le monde, s’il y a une catastrophe et que je dois me dépêcher de prendre le minimum et apprendre à survivre, je le ferais sur le tas. Et aujourd’hui, je suis ok avec ça. Même s’il y a des jours où j’aimerais bien avoir plusieurs vies pour avoir le temps d’apprendre tout ce que j’ai envie d’apprendre. Mais je me suis rendue compte qu’accumuler m’enfermait dans l’inaction, car je me retrouvais avec une quantité de choses à faire bien trop grande par rapport à ma capacité d’action. Faire moins que ce que j’imaginais m’a donc semblé mieux que de ne rien faire du tout.

L’inaction et la paralysie m’ont appris l’humilité



Je me demande comment j’ai pu croire que je serais capable de lire 100 livres correctement en un an, en retenant parfaitement toutes les informations qu’il y avait à l’intérieur. Comment j’ai pu croire que je serais capable d’apprendre à la fois la neuroscience et la nutrition, en parallèle de mon boulot d’entrepreneur, en moins d’un an. Je me rends compte que la surinformation à laquelle on est confrontés aujourd’hui et les académies en ligne sur tous les sujets les plus pointus qui pullulent à droite à gauche nous laissent croire qu’on est capables d’engranger autant d’informations, de les retenir et de les appliquer dans notre vie. Quelle pression tout cela représente ! Cette pression est si forte que je me suis sentie nulle, sous-douée et complètement paralysée pendant presque 3 ans. Je voulais tout savoir. Résultat = je ne sais rien. Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris en surface. Évidemment, c’est impossible d’apprendre en profondeur autant de projets complexes à la fois ! J’ai appris pour connaître, pour savoir. Et pas par véritable intérêt ni par passion pour le sujet. Enfin, pas tous. Car savoir certaines choses m’attirait. Mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question de pourquoi.

livres en fourgon aménagé

Si on veut avoir une vie sociale et ne pas finir en burn out, tout connaître et tout savoir est juste impossible. J’ai compris que j’étais humaine, et que je ne pourrais jamais devenir celle qui sait tout. Et je n’en ai plus envie. Au fond, pourquoi je faisais tout ça ? Car je ne me sentais pas aimable ce que je suis, tout simplement. Je me suis donc dit que les autres m’aimeraient peut-être un peu plus si je brillais en société et que je savais plein de trucs. Mais, le problème, c’est que plus on creuse, moins on sait, plus le champ de connaissances qu’on doit acquérir paraît grand, infini et inatteignable. Et je vous jure que ça calme ????.

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